Blasonnement

D'or au mont à un coupeau de sinople issant de la pointe chargé du monogramme des Sulpiciens d'or, adextré d'un coeur vidé portant une plaie et surmonté d'une croisette le tout de pourpre, senestré d'une fleur de violette (viola cuculata) de pourpre, en chef sur un demi-cercle de gueules une colombe fondante d'argent nimbée d'or rayonnante de sept rayons aussi de gueules brochants. Sur un listel sous l'écu, la devise : Deus Caritas Est. L'écu est posé sur la croix haute d'or et surmonté du chapeau épiscopal de sinople à douze houppes, six de chaque côté de l'écu.

Symbolisme

La montagne héraldique verte symbolise le Mont Royal, symbole prééminent de Montréal qui faisait partie de l'immense diocèse de Québec érigé par une bulle du pape Clément X en 1674 après avoir été le vicariat apostolique de la Nouvelle-France érigé par le pape Alexandre Vil en 1658. Le pape Pie Vil érigea Montréal en district ecclésiastique du diocèse de Québec, en 1820, avec un évêque résidant à titre de vicaire général et d'auxiliaire. Le diocèse de Montréal fut érigé en 1836 par bulle du pape Grégoire XVI, détaché de Québec et relevant directement du Saint-Siège. En 1844, Montréal devint suffragant de Québec puis. en 1886. Montréal fut érigée en archidiocèse de Montréal par le pape Léon XIII. Le premier évêque de Montréal, d'abord comme auxiliaire puis comme évêque titulaire, fut un prêtre de Saint-Sulpice, Monseigneur Jean-Jacques Lartigue (1777-1840).

Le monogramme constitué par la fusion des lettres onciales A et M (Ave Maria, Auspice Mariam, ou simplement Maria) est le symbole identitaire principal de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice, fondée par M. Jean-Jacques Olier (1608-1657), fondateur du Séminaire de Saint-Sulpice. à Paris. Il fut le cofondateur, avec Jérôme le Royer de la Dauversière, de la Société Notre-Dame de Montréal, qui décida de la fondation, en 1642, de la première ville mariale au Nouveau Monde. Les premiers Sulpiciens arrivèrent à Ville-Marie le 12 août 1657, année du décès de Monsieur Olier.

Celui-ci avait une très grande dévotion à la Mère de Dieu qu'il estimait la parfaite disciple et la parfaite réalisation du salut de Dieu, comme en fait foi un extrait d'un sermon intitulé « Le Triomphe de Marie mère des vivants » :

« Ô merveille des merveilles ! Tout ce que Jésus opérera, depuis le moment de la formation de l'Église jusqu'au jour du jugement, il l'a formé dans sa Mère, et plus parfaitement, plus hautement, plus saintement, plus divinement qu'il ne l'aura formé dans toute l'étendue des chrétiens, dans tout le cours des siècles. Je ne m'étonne pas si saint Jean a entendu, mieux que personne, le saint et glorieux mystère de l'Église de Dieu, puisqu'il avait toujours devant soi la très Sainte Vierge. en qui il voyait toute l'Église abrégée et renfermée. Il voyait cette divine Mère plus belle. plus resplendissante, plus éclatante mille fois que tout ce qu'il a vu en cette femme revêtue du soleil (Apoc. XII, 1), qui est la figure de l'Église et qui, auprès de Marie, n'a en soi que de faibles communications du Soleil de Justice. » (Renée Zeller, Florilège de Notre-Dame, Paris. Éditions de l'Arc, 1947, p. 116).

On doit les premières manifestations de piété mariale au Canada à Jacques Cartier, en 1536, et à Samuel Champlain, en 1633. Aussi, le regretté pape Jean-Paul II avait-il raison de dire, le 10 septembre 1984, au Cap-de-la-Madeleine : « Dès que le témoignage de la foi catholique a été apporté sur cette terre du Canada et partagé par la population. la Vierge Marie a eu une grande part dans l'adhésion à Jésus Sauveur, et dans la croissance de ce peuple de croyants. Les fondateurs de cette Église étaient (les hommes de grande foi consacrés à Notre-Dame. » (Ghislaine Boucher, r.j.m., Les Sources mariales de l'Église canadienne (survol historique), Collection : Aux sources mariales de l'Église canadienne N- 1. Sillery, décembre 1986, p. 3).

Le nouvel évêque, qui a été profondément marqué par la spiritualité de Jean-Jacques Olier, est membre depuis trente-cinq ans de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice et, depuis douze ans, de 1994 jusqu'à présent, il a été le supérieur de la province du Canada (Rome, Japon, Colombie, Brésil et Canada) de cette société. Il convenait donc de rappeler à la fois la Compagnie à laquelle il appartient et la ville cofondée par Monsieur Olier.

Le cœur avec une plaie surmonté de la croix a un double symbolisme dans le blason de Monseigneur Gendron. En premier lieu, il évoque le sigle du bienheureux Charles de Foucauld, béatifié à Saint-Pierre de Rome le 13 novembre 2005 : JESUS + CARITAS. La personnalité spirituelle du bienheureux Charles de Foucauld a eu une influence prépondérante dans le choix de la vocation du nouvel évêque auxiliaire de Montréal. Le pape Benoît XVI a déclaré au moment de la béatification que Charles de Foucauld était un modèle de « fraternité universelle ». Le souverain pontife ajoutait que le bienheureux témoignait de « l'amour de Dieu parmi les chrétiens, les juifs et les musulmans […] Il a découvert que Jésus, venu nous rejoindre dans notre humanité, nous invite à la fraternité universelle qu'il a vécue plus tard au Sahara » disait le pape. en français, à l'issue de la cérémonie de béatification.

Ce cœur surmonté d'une croix représente aussi le Bon Pasteur qui au moment de « passer de ce monde au Père, lui qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu'à l'extrême (Jean 13, 1) », mourut sur la croix, le cœur transpercé dont il sortit du sang et de l'eau (cf. Jean 19, 34).

Depuis 1936. la violette (viola cuculata) est l'emblème floral officiel du Nouveau-Brunswick. Monseigneur Gendron est né à Saint-Quentin, Nouveau-Brunswick, où il a grandi. De plus, la violette symbolise l'humilité parce que le Fils de Dieu s'est fait homme pour notre salut. Saint Bernard, troubadour de la Vierge Marie, disait d’EIle qu'elle est « la violette de l'humilité. »

Le demi-cercle de la partie supérieure de l'écu suggère l'amour de Dieu le Père que la colombe rayonnante, symbole héraldique de l'Esprit Saint, répand avec ses sept (loris : la Sagesse, l'Intelligence, le Conseil, la Force, la Science, la Piété et la Crainte de Dieu. Le tout veut illustrer la parole de Paul aux Romains : « [...] et l'espérance ne trompe pas, car l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné » (5. 5).

La croix derrière l'écu est l'insigne héraldique propre à tous les évêques. Elle ne doit pas être confondue avec la croix portée dans toutes les processions même si la croix épiscopale est identique. Celle-ci doit précéder le prélat immédiatement et personne ne devrait se placer entre elle et lui. À l'origine, elle était portée uniquement devant le pape, les légats, les patriarches et les archevêques. Elle est depuis des siècles acceptée comme l'insigne héraldique propre à l'ordre épiscopal.

Le chapeau héraldique vert à douze houppes, six de chaque côté de l'écu serait «origine espagnole. Le chapeau rouge des cardinaux est le premier des chapeaux ecclésiastiques à recevoir une couleur spéciale. Le pape Innocent IV (1243-1254) aurait, le premier, conféré le chapeau rouge aux cardinaux lors du concile de Lyon. 011 trouve le chapeau héraldique représenté pour la première fois surmontant I*écu du cardinal Ricardo Petroni (†1313) sur son tombeau dans la cathédrale de Sienne. Les couleurs et le nombre de houppes attribuées à divers prélats n'ont été uniformisés qu'en 1832 par la Sacré Congrégation Cérémoniale.

La devise : Deus Caritas Est (Dieu est amour), est le titre de la première encyclique du Pape Benoît XVI. Dieu est amour constitue la révélation suprême de Dieu. L'apôtre Jean dit : « Qui n'aime pas n'a pas découvert Dieu, puisque Dieu est amour. » Et il ajoute : « Voici comment s'est manifesté l'amour de Dieu au milieu de nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. » (1 Jean 4, 8,9). Le choix de cette devise se veut une marque d'affection filiale à l'égard du Souverain Pontife qui a appelé Monseigneur Gendron à l'épiscopat.

Reference:

• www.dsjl.org